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Interview de Colleen par mail :


01 - Peut tu te présenter. Qui est tu, quel age a tu, d'ou viens tu?

Cécile Schott, 27 ans, originaire de Montargis à 100km au sud de Paris, petite ville de province où il n’y avait rien à faire à part découvrir la musique et en faire. Pour gagner ma vie je suis prof d’anglais dans un lycée en banlieue parisienne, et donc je jongle entre mon métier et la musique qui prend une place de plus en plus grande depuis cette année avec la sortie de l’album et mes futures sorties et activités musicales(concerts, prochain album et musique de film).

02 - Comment est tu venue à la musique? A tu fais des études spécifiques dans le domaine?

Je suis venue à la musique en découvrant les Beatles vers l’age de 14 ans, ça a été une révélation. Ensuite j’ai vu deux types jouer des reprises des beatles à la guitare acoustique dans la rue à copenhague, à 15 ans en vacances avec mes parents, et ça a été la deuxième révélation : il fallait que moi aussi je joue de la guitare. Je ne viens pas du tout d’un milieu musical (aucun instrument à la maison, et on ne peut pas dire que mes parents aient formé mon gout) mais ils ont accepté de m’acheter une guitare et de m’offrir des cours, je suis rapidement passée à la guitare électrique et ai monté un groupe avec des amis au lycée, très influencé pixies / sonic youth mais aussi low et productions 4AD.
Ensuite j’ai eu une période à vide car j’essayais de faire de la musique seule au 4 pistes mais je n’avais que ma guitare, aucun effet, donc forcément c’était difficile. J’avais découvert la musique électronique et en particulier l’utilisation de samples grace aux Ultra Milkmaids que j’ai rencontrés en 1995 à dijon, mais je n’avais pas d’ordinateur et de plus j’étais complètement bloquée face à la technologie, sans compter que je n’avais pas d’argent.
Puis en 1999 j’ai été « sauvée » par un cdrom donné par un ami avec plein de logiciels piratés, dont soundforge et acid, entre temps je m’étais débloquée face aux ordinateurs et à partir de là tout est venu naturellement.

03 - De quels instruments joues tu?

Je me définis comme une touche-à-tout, littéralement, c’est-à-dire que mis à part pour les instruments purement rythmiques (je n’ai aucun sens du rythme) dès que je vois un instrument je ne peux pas m’empêcher d’essayer de faire quelque chose avec.
Je sais jouer de la guitare à peu près correctement, et grace à mon salaire de prof depuis un peu plus d’un an j’ai pu m’acheter plein d’instruments : je me suis achetée un violoncelle cette année, je n’ai pu prendre que cinq heures de cours par un malheureux concours de circonstances et aussi parce que je suis débordée de travail et d’activités, mais je compte bien apprendre cet instrument sérieusement l’année prochaine lorsque je passerai à temps partiel ; et sinon, j’utilise un melodica, un glockenspiel, une flute, un harmonica, des boites à musique, une cithare…Et ce mois-ci je vais m’acheter un accordéon.
Ma démarche n’est jamais d’être virtuose, puique de toutes façons ce n’est pas dans mes capacités techniques, mais juste de trouver quelque chose à dire avec un instrument, de manière juste et simple et qui me touche, en gardant toujours en tête l’importance de la mélodie et le grain du son, que ce soit en live ou dans mes disques.


Colleen


04 - Comment vois tu ta musique évoluer dans le futur?

Je suis en train d’explorer pas mal de pistes en ce moment, avec pour direction principale que je m’éloigne du sampling de musiques préexistantes (mon premier album a été fait uniquement en samplant des disques déjà existants). Le fait de créer des concerts a eu une grande influence sur moi cette année, j’ai redécouvert le plaisir de jouer sur instruments l’année dernière en cherchant une manière de jouer ma musique en live, et je me suis retrouvée à créer des nouveaux morceaux qui par la force des choses ne reproduisaient absolument pas ceux de l’album. Le prochain album sera principalement fait à partir de mes instruments, que je joue et que je réagence ensuite sur ordinateur.
Je prépare aussi une musique de film pour un premier long métrage français qui sortira soit à l’automne 2004, soit début 2005, et là ça va demander un travail particulier.

05 - Comment a tu croisé la route du label Leaf?

En leur envoyant une démo. Je voulais vraiment sortir un album et pour plusieurs raisons la voie me semblait bloquée en France, je n’avais pas non plus envie de m’adresser qu’à un public français or on sait à quel point il est difficile de distribuer les disques à l’international, bref j’ai envoyé quelques démos à l’étranger et c’est leaf qui a réagi.

06 - Quelles sont tes artistes de référence?

Difficile de répondre à cette question, tant mes gouts sont éclatés sur plein de styles musicaux différents, et par ailleurs je ne suis pas de nature à être « fan » de quelqu’un.
Je dirais quand même que j’admire vraiment un groupe comme My bloody valentine, dont les productions restent incroyablement modernes et n’ont vraiment pas vieilli (à mon avis).
J’adore les gens qui n’en ont fait qu’à leur tête pendant toute leur carrière, ou parfois justement qui n’en ont eu rien à faire d’avoir une « carrière », par exemple Delia Derbyshire qui était une anglaise décédée en 2001 et qui a fait des musiques hallucinantes à la fin des années 1960 pour le BBC radiophonic workshop, qui préfigurent toute la musique d’aujourdh’ui. Des gens comme Raymond Scott. Pauline Oliveros. Aujourdh’ui il y a aussi Anne Laplantine, qui a sorti un superbe coffret de 45T sur tomlab avec une musique totalement unique et réellement novatrice. J’adore This Heat, leur premier album a été très important pour moi.
Ensuite j’écoute beaucoup de musique baroque, et je m’intéresse à toutes les musiques non-occidentales, en particulier d’asie du sud-est et d’indonésie.
Sinon je suis toujours époustouflée quand j’écoute certaines productions des années 60, tous les groupes de fille de l’époque, the supremes, j’adore le son de l’époque.
J’ai aussi eu une période dub, qui m’est un peu passée maintenant, mais j’admire des gens comme lee perry et king tubby qui savaient faire des choses incroyables avec trois fois rien. Je pense que pas mal de gens se leurrent par rapport à la technologie, à son importance. La technologie de pointe n’a jamais fait de la bonne musique, c’est vraiment la personne derrière une technologie (de pointe ou pourrie) qui fait que ça devient bon ou pas.
J’adore aussi des gens comme Pierre Bastien, qui se sont créés tout un univers, à partir de leurs propres objets sonores. J’aime bien les artistes dont l’approche se rapproche de l’artisanat, le fait de faire des choses avec ses mains, de bricoler.
Par exemple j’adorerais fabriquer un jour mes propres instruments, aller dans un atelier de lutherie.
Musicalement j’estime que j’ai encore tout à découvrir, tellement la production musicale mondiale est riche, surtout si on veut prendre en compte les œuvres du passé.


Everyone Alive Wants Answers - Cd Cover


07 - Y a t'il des artistes avec lequels tu aimerais collaborer?

Je me « méfie » beaucoup des collaborations, je pense que toute interaction humaine comporte un potentiel de désaccord et donc de compromis, certains diront que c’est justement la confrontation des idées qui rend une collaboration intéressante, mais il faut que ça parte d’une vraie envie des deux côtés et qu’il y ait une certaine alchimie entre les deux personnes, musicalement ET humainement. Il y a des gens que j’admire mais je ne me vois pas en train de « collaborer » avec eux car je ne sais pas si nos univers pourraient s’intégrer, si c’est possible ou même souhaitable, et si moi je peux leur apporter quelque chose. Je ne me pose pas trop la question à vrai dire. Mais je suis très indépendente et je me méfie beaucoup de devoir faire des compromis.
Par contre ce qui m’intéresse plus c’est de faire des collaborations ponctuelles live avec d’autres musiciens, pas forcément sous forme de concert live avec du public, mais juste se poser dans un endroit et essayer d’enregistrer des choses.

08 - Quels sont tes projets futurs?

Concerts, prochain album et la musique de film. Et passer à temps partiel pour avoir le temps de vivre un peu !

09 - Que signifie le titre de ton album "Everyone alive wants answers"?

Il est tiré d’un livre de Nik Cohn, intitulé « Yes we have no », l’auteur se promène en Grande-Bretagne à la rencontre de gens qui vivent en marge de la société, pour tout un tas de raisons (pas forcément la pauvreté), et il se rend dans une communauté de travellers où l’un des plus vieux membres lui parle du passé souvent chaotique et de la fragilité psychologique des autres membres, et il lui dit cette phrase, « Everyone alive wants answers" , qui m’a tout de suite frappée car ça m’a paru tellement vrai, du moins pour moi qui me pose toujours tout un tas de questions et qui voudrait réponse à tout.


Everyone Alive Wants Answers - Vinyle Cover


10 - Que représente le dessin assez énigmatique de la pochette?

Ce que tu veux bien y voir ! De toutes façons un dessin n’a pas besoin de « représenter » quelque chose,non ? :-)

Site web de Colleen

www.colleenplays.org
 

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